Quand on parle de thérapie, on parle nécessairement de douleurs, d’inconforts, de mal-aises. Le voyage de guérison est un voyage à travers la psyché humaine, dans les profondeurs de l’univers souterrain, les zones inconscientes, réprimées, barrées à triple tours. C’est le voyage des voyages, celui qui nous permet d’adresser la cause la plus profonde de notre souffrance. C’est l’essence du yoga, la voie des épreuves et des tribulations pour accéder au trésor caché que les humains cherchent à retrouver depuis la nuit des temps : notre nature et pouvoir intrinsèque.
Le cœur de la yoga thérapie est l’art de la relaxation consciente. La capacité de laisser aller le contrôle et de s’abandonner à ce qui est, nous ouvrant à la vulnérabilité de notre expérience humaine et aux paysages de notre réalité interne.
Relaxer apaise notre âme, notre coeur et nous offre un moment de répit inespéré. À la fois relaxer dévoile ce qu’on a pas pris le temps d’écouter et met en lumière des douleurs, sensibilités, inconforts, mal-aises. Nous confrontant au fait que l’on ne va pas aussi bien que l’on pourrait le croire.
En fait, la magnitude de la douleur est d’une telle intensité que l’on a développé des mécanismes complexes à travers les générations pour mettre un cap sur ce que l’on n’avait pas la capacité de gérer.
Guérir débute par une prise de conscience, une réalisation interne de notre condition humaine. Un ressenti physique, corporel, émotionnel, psychique, existentiel de notre mal-être. Une conscience que peu importe ce que l’on essaie, peu importe ce que l’on peut avoir, rien ne vient apaiser le sentiment d’anxiété, de manque, de vide omniprésent quand on laisse aller la façade, ne serait-ce que quelques instants.
La source profonde de la douleur est simple, on a mal parce qu’on est déconnecté de nous-même, de notre nature et de notre pouvoir. La seule chose qui peut réellement nous satisfaire est d’accéder à nous-même, de goûter à notre propre vitalité, au courant de vie qui circule en notre corps. C’est ce que l’on recherche du plus profond de notre être. Par contre, comme la déconnexion est profonde, la sensation de mal-aise nous confronte à une montagne d’une telle amplitude que l’on s’écroule habituellement devant la “vision”.
Le chemin pour retourner à soi est un long chemin, le plus précieux des chemins et à la fois celui qui demande tout de nous : laisser aller ce que l’on croit, imagine, ce qui nous réconforte et stabilise et plonger dans l’inconnu.
Faire face à la montagne de façon sobre, avec sincérité – regarder la situation droit dans les yeux avec calme et contenance – nous permet de toucher à une humilité et une vulnérabilité qui nous ouvre à recevoir le support de la vie sous ses différentes formes – nous guidant pas à pas de l’impossible vers le possible, de grâce en grâce.
UN PORTRAIT DE LA DOULEUR
Ceci étant dit, concrètement, lorsqu’on est confronté à la douleur, une panoplie de réponses s’activent … Voici une map, un portrait de différentes phases, vagues, relations avec la douleur à travers les spirales du voyage thérapeutique.
IL Y A UN PROBLÈME AVEC MOI
Une des premières sensations lorsqu’on est face à la douleur – que ce soit physique, émotionnel, psychique – est le sentiment qu’il y a un problème avec nous, que ce n’est pas normal ; l’impression que tout le monde semble aller bien et qu’on devrait nous aussi être bien. On veut masquer ce qu’on a touché et passer à autre chose. Effacer de notre conscience la sensation, se distraire et trouver une façon d’endormir, apaiser ou diminuer la douleur.
SENTIMENT D’ÊTRE UNE VICTIME
Un réflexe quasi automatique lorsqu’on ressent de la douleur est d’en vouloir à la vie, à quelqu’un, à une situation ; de projeter notre douleur, se sentir impuissant, désemparé.
ACCROC À LA DOULEUR
On peut “aimer” la douleur, elle devient notre point stable. Là où l’on peut investir notre énergie. Car si je laisse aller mon addiction à la douleur ce qui est devant moi me demande des efforts, de prendre responsabilité pour moi-même et ma vie, d’apprendre de nouvelles choses, apprendre à prendre soin de moi et cultiver mon pouvoir.
SE MANQUER DE RESPECT
Lorsque l’on passe à travers les couches émotionnelles liées à la douleur – le sentiment d’impuissance, l’addiction, le désir que ça parte, etc – à des niveaux plus profonds, on a mal parce que l’on se manque de respect.
RESSENTIR LES CONSÉQUENCES DE NOS ACTIONS
Nous vivons dans un corps, notre corps provient de la nature, est fait de matière et de tissus organiques. La nature est un règne, c’est un univers, un monde qui opère sous certaines lois, il y a un ordre naturel. Ayant choisi de contrôler la nature, d’être au-dessus de celle-ci, nous payons le prix des conséquences de nos actions. La douleur étant un symptôme, un signal, le langage du corps pour nous montrer que nos actions – pensées ne sont pas alignées avec les lois universelles de la nature.
SE BATTRE CONTRE NOTRE NATURE
On perd beaucoup d’énergie à se battre contre les forces de la nature, contre notre nature finalement, à vouloir que les choses soient autrement. Quand on a tout essayé et que rien ne satisfait notre soif, il y a un passage dans les recoins oubliés de notre coeur, une étincelle qui ravive le feu sacré, une re-connection à une spiritualité ancré dans notre expérience sensorielle nous rappelant la voie éternelle de la nature, le courant qui existe depuis la nuit des temps – avant que l’humain compromette son essence divine.
DÉVELOPPER UNE RELATION AVEC LA DOULEUR
Lorsqu’on ouvre les yeux et que l’on voit la réalité de notre système de santé, où la peur règne sous l’emprise des compagnies pharmaceutiques, où les hôpitaux hébergent cancers et maladies chroniques, où l’infertilité et la dépression sont en hausse exponentielle, où le stress et l’anxiété sont omniprésents. Des morceaux sont charcutés, transplantés, des cocktails de pilules soutiennent la majorité de la population… On vieillit dans des conditions inhumaines offrant à nos enfants un futur basé sur notre incapacité à faire face à la douleur…
Apprivoiser la douleur est quelque chose qui prend du temps. Nos différentes compensations : états d’esprits, nourriture, style de vie, relations, médication, etc sont à tenir dans le plus grand respect car sans ceux-ci nous ne pourrions pas survivre et se retrouver aujourd’hui à la case zéro, le point de départ : une réalisation que le chemin est à travers le mal-aise, un pas à la fois. Ne plus fuir le signal. Aller l’écouter à notre rythme. Sentir la pulsion vitale qui vibre sous le cri.
PRÉVENIR LA MALADIE, BÂTIR SA SANTÉ
La douleur – qu’elle soit à un niveau physique, émotionnel, psychologique ou existentiel – a une composante physique dans le corps sous forme de tension. Plus on fuit les inconforts, plus les tensions prennent de l’expansion générant à moyen – long terme la panoplie de symptômes que l’on vit et voit tout autour de nous.
La yoga thérapie est un chemin holistique permettant d’entrer en relation avec le corps de façon douce et révérencielle, d’apprivoiser la douleur et de permettre peu à peu aux noeuds de se défaire par l’entremise de la lumière de notre conscience, facilitant la circulation des fluides vitaux – nettoyant et détoxifiant nos tissus tout en régénérant nos coeurs, fertilisant notre terre et nourrissant notre âme.
C’est ainsi qu’on bâtit peu à peu notre santé sur des fondations stables, développant la force et la clarté interne pour se respecter et réclamer notre pouvoir – adressant ainsi la racine de notre souffrance. Un travail qui nous unit tous dans notre intimité la plus profonde.